Stabat Mater
ELLE était là, debout, la mère désolée,
Près du divin martyr ;
Sous le poids des tourments la victime accablée
N’avait plus qu’à mourir.
Tout en elle souffrait, une angoisse mortelle
Se voyait sur son front,
Et chacun des soldats qui se tenait près d’elle
Lui jetait son affront.
Elle était là debout, et sur la croix infâme
Son fils agonisait ;
Les ombres de la mort envahissaient son âme
Et son cœur se brisait...
« J’ai soif ! » disait Jésus. La horde meurtrière
Lui présenta du fiel.
Et sa mère, en pleurant, soupirait sa prière
En regardant le ciel.
Elle écoutait Jésus qui lui disait : « Ma mère,
Malgré notre abandon
Qu’un mot reste ici-bas aux hommes de la terre,
Ce mot, c’est le pardon !
Ô femme, vous direz à ceux qui m’abandonnent
Qu’un frère les bénit.
Restez pour les aimer ; que nos deux cœurs pardonnent
À ceux qui m’ont maudit. »
Vierge, qui partagiez le sanglant sacrifice
De l’Homme de douleurs,
Dans nos âmes versez les gouttes du calice
Où sont tombés vos pleurs.
Oh ! laissez-nous mêler nos larmes à vos larmes !
Dans notre cœur contrit
Imprimez, comme un sceau, le remords des alarmes
Qu’endura Jésus-Christ.
Amélie GEX.
Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,
publié par Charles Buet, 1889.