Sur la mort d’un charron
Il avait scié, abattu
tant d’arbres au pays de Flandre.
Et voilà qu’il nous faut l’étendre
raide et froid, de planches vêtu.
Tant de roues par lui reçurent
leur droite rondeur. Par sa main
roulent encor, fortes et sûres.
Lui s’est arrêté en chemin.
Peinant comme bête de somme,
de jour, de nuit, à chaque fois,
que de coups frappés par cet homme !
Il ne peut plus bouger un doigt.
Il le savait et, vigilant,
c’est à Dieu seul qu’il voulait plaire.
Œuvrant, il a vécu. Mourant,
il a touché tout son salaire.
Guido GEZELLE, Exercices poétiques, 1858.
Traduit du néerlandais par Liliane Wouters.