La lumière dans la nuit

 

 

par

 

 

Georgette GILBERT

 

 

 

 

Assises sur le pont du bateau, nous regardions la rive disparaître dans l’ombre de la nuit. De l’intérieur, des notes d’orchestre nous parvenaient, et le roulis de notre maison flottante glissant sur le fleuve calme nous berçait sans heurts. La nuit maintenant devenait presque complète, et nous pouvions distinguer devant nous la lumière des phares. Nous suivions des yeux les méandres du bateau à travers le chenal ; passant tantôt à droite, tantôt à gauche des lumières blanches ou rouges.

Dans les ténèbres, les phares nous apparaissaient comme des étoiles brillantes, vacillant un moment, puis disparaissant, pour revenir plus lumineuses, éclairant la nuit et indiquant la route à suivre. De là-haut, l’étoile du soir semblant nous montrer le ciel, continuait de se refléter dans l’eau.

 

Et je pensai que tout ceci était un peu l’allégorie de nos jours. Le fleuve, c’est l’image de la vie qui file son cours, et les phares représentent les lumières que notre âme rencontre tout le long de cette route pour l’éclairer et la diriger.

 

Pareil au bateau qui se laisse guider par les lumières rouges ou blanches, notre âme regarde, elle aussi, vers des phares qui lui indiquent la direction à prendre. Elle ne saurait marcher dans les ténèbres ; tant d’obstacles encombrent la route à parcourir qu’elle se heurterait et se blesserait sans la lumière. Il lui faut donc de la clarté, non seulement pour marcher mais pour se développer et grandir.

 

Et cette lumière conductrice, c’est tantôt un enseignement qui vient de la vérité, tantôt un bon conseil, une amitié désintéressée, la lecture d’un bon livre qui nous montre la voie ; un seul mot parfois, dit à propos, qui éveille un bon sentiment ; c’est enfin, des parcelles de charité, car la Charité éclaire et Dieu l’a placée au cœur des humains afin qu’elle devienne un phare pour le prochain qui, un jour ou l’autre, a besoin d’un peu de la bonté de notre âme.

 

Parfois l’égoïsme étouffe le feu de cette charité, et le phare disparaît. C’est alors que l’âme doit regarder plus haut que la terre vers une autre lumière qui ne saurait s’éteindre puisqu’elle s’alimente au foyer de la Lumière Éternelle.

 

 

 

Georgette GILBERT, Variations.

 

 

 

 

 

 

 

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