Je vous ai courus sans être lassé...
JE vous ai courus sans être lassé
Mes chemins pierreux où rit mon enfance
Champs de mon Hainaut vous m’avez blessé
Si profondément de regrets intenses.
Jusqu’au dernier jour je vous poursuivrai
Et souhaiterais que la mort me prenne
Un jour de soleil le long d’un sentier
Qui sent le genêt et la marjolaine.
Je veux m’endormir pour la longue paix
Les yeux embués par les paysages
De ce vieux pays qui va de Bavai
Aux bords de l’Eau d’Heure à pas lents et sages.
Quand je partirai je n’aurai pas peur
Sur le long chemin vers le cimetière
Mais j’aurai regret au fond de mon cœur
De quitter saisons qui m’étaient si chères.
Les anges du ciel m’entendront chanter
La paix des jardins qui bruissaient d’abeilles
Et le crépuscule au cœur des vergers
Quand septembre vient remplir ses corbeilles.
Jules GILLE, Panier de pommes,
Éditions des Artistes, 1961.