Si je rencontre...

 

 

Si je rencontre un jour dans l’ombre d’une église

Une vierge aux yeux bleus pieusement baissés,

Si mes pas ne font point cesser qu’elle ne lise

Les mystiques feuillets par ses doigts blancs pressés ;

 

Si je crois percevoir près d’elle un doux murmure

Tel le souffle léger de quelque séraphin

Qui, l’écoutant prier sa prière très pure,

La redirait au ciel en langage divin ;

 

Je veux en même temps quitter l’auguste enceinte

Lorsqu’elle aura fini sa dernière oraison,

Je veux au bénitier lui présenter l’eau sainte,

Je veux la reconduire au seuil de sa maison.

 

Je lui dirai : « Pardon si dans le sanctuaire,

Le sacré tabernacle un moment oublié,

J’ai pu, vous regardant, chercher quel statuaire

A sculpté dans la nef cet ange agenouillé. »

 

Si devant cette audace elle paraît surprise

Et, sévère, répond : « Je ne vous connais pas »,

Je répondrai : « Je suis une âme, une âme éprise

D’idéale beauté – s’attachant à vos pas. »

 

 

1919.

 

 

 

Joseph GINGRAS, Fidélité,

Montréal, 1958.

 

 

 

 

 

 

 

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