Splendeurs de la création

 

 

Quand l’homme enorgueilli de ses pauvres lumières

De l’immense nature a surpris un secret,

Son œil voit s’élever de nouvelles barrières

Et mille autres surgir où l’une disparaît.

 

Chaque atome est un monde et couve une merveille

Qu’une loupe à la main la science poursuit ;

D’une cendre féconde un insecte s’éveille

Et sur son aile emporte un mystère avec lui.

 

Du froment qu’on pétrit qui dira la genèse ?

Lis ami des vallons, d’où te vient ta pâleur ?

À quelle source avril puise-t-il à son aise

Pour verdir le gazon et parfumer la fleur ?

 

Quel regard compterait les êtres qui sous l’onde

Habitent, inconnus, leurs antres ténébreux ?

Quel œil embrasserait du firmament qu’il sonde

L’immensité sans fin des mondes lumineux ?

 

Plus monte le progrès plus recule la cime,

Mille obstacles vaincus ne sont toujours qu’un pas

Qui, semblable à l’éclair sillonnant un abîme,

Révèle des lointains qu’on ne soupçonnait pas.

 

L’homme à peine sait lire une page du livre

Qui réclama de Dieu moins qu’un coup de stylet

Et, malgré son orgueil, quand il cesse de vivre

Il avoue qu’il en est encore à l’alphabet.

 

 

1917.

 

 

 

Joseph GINGRAS, Fidélité,

Montréal, 1958.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net