Le pilote

 

                                             À M. THALÈS BERNARD.

 

 

La rive disparaît sous la brise légère,

Un superbe vaisseau glisse sur le flot bleu ;

Sa voile le ravit vers un autre hémisphère :

Aux rivages de France, il vient de dire adieu !

 

Marche ! le temps est beau, calme est la mer profonde,

Dieu la courbe pour toi sous sa puissante main :

Vois, ton passage imprime à peine dans son onde,

Un sillage écumeux qui se ferme soudain.

 

Mais, Nocher, si demain, sur l’Océan immense,

Ton regard découvrait un horizon brumeux,

T’annonçant l’ouragan avec sa violence,

La tempête ébranlant les gouffres écumeux.

 

Pilote, réponds-moi, pour assurer ta route,

Qui briderait pour toi l’abîme bondissant ?

– Je lèverais les yeux vers la céleste voûte,

Demandant mon chemin au Père Tout-Puissant.

 

 

                     Château-Renard de Provence, mai 1859.

 

 

Denis GINOUX.

 

Paru dans La Tribune lyrique populaire en 1860.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net