Credo

 

 

Sous le brouillard gris et rose des soirs,

À l’heure où tombe, à l’horizon morose,

L’ombre sereine au doux reflet de rose,

Sur l’or mourant de divins encensoirs ;

 

Sous le ciel noir et constellé de nacre ;

Dans l’éther mauve ou d’argent pailleté

Des blondes nuits de mai, fauves d’été ;

Dans le parfum des brises, suave, âcre ;

 

Sous le soleil, aux jours de messidor,

À l’heure où la clarté molle se fuse,

Où l’œil perçoit la vision confuse

De pays bleus fuyant dans un ciel d’or ;

 

Partout où vit un être, où croît une herbe ;

Aux creuses, aux sommets, en quelque lieu

Que l’homme naisse et sente, il pressent Dieu

Dans le rayonnement chaud de son Verbe.

 

Partout, au monde où la foi pure a lui

De la clarté divine de sa flamme,

L’âme révèle aux sens un souffle d’âme

Dans ce vide trompeur tout plein de Lui.

 

 

 

P. GIVRY.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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