Prière de Marguerite
ABAISSE, ô Mère de douleurs, un regard de pitié sur ma peine...
Le glaive dans le cœur, tu contemples avec mille angoisses la mort cruelle de ton fils.
Tes yeux se tournent vers son Père, et tes soupirs lui demandent de vous secourir tous deux.
Qui sentira, qui souffrira la mort qui déchire mon sein ? L’inquiétude de mon pauvre cœur, ce qu’il craint et ce qu’il espère ? Toi seule, hélas, peut le savoir...
En quelque endroit que j’aille, c’est une amère, hélas... bien amère douleur que je traîne avec moi.
Je suis à peine seule que je pleure, je pleure, je pleure... et mon cœur se brise en mon sein.
Ces fleurs sont venues devant ma croisée. Tous les jours, je les arrose de mes pleurs... Ce matin, je les ai cueillies pour te les apporter.
Le premier rayon de soleil dans ma chambre me trouve sur mon lit, assise, livrée à toute ma douleur.
Secours-moi... Sauve-moi de la mort et de la honte. Abaisse, ô Mère de douleurs, un regard de pitié sur ma peine.
GOETHE, Faust.
Traduction de Gérard de Nerval.