Prière des matelots
Dieu tout puissant, Dieu de nos pères,
Dont la bonté vient en aide au malheur,
Quand sous le poids de trop lourdes misères
Son front s’incline avec douleur :
Faut-il mourir quand on aime la vie !
Dieu que l’homme, à genoux
Supplie...
Ayez pitié de nous !
Mais l’horrible vent des tempêtes
Redouble encor d’audace et de fureur...
La foudre éclate et gronde sur nos têtes
Comme la voix d’un Dieu vengeur.
Mais quand on sait combien la vie est belle...
Dieu que l’homme, à genoux
Appelle...
Ayez pitié de nous !
Mourir.... mourir dans un naufrage !
Est-il un sort plus triste et plus affreux ?
En vain on lutte.... espoir, force et courage
Maudissent d’inutiles vœux.
Mourir... non, non ! quand on est jeune encore...
Dieu que l’homme, à genoux,
Implore...
Ayez pitié de nous !
J.-L. GONZALLE, La Mer, poème lyrique, Reims, 1861.
Paru dans La Tribune lyrique populaire en 1861.