Marguerite Bourgeoys
Sous la coiffe de lin, se cachaient vos cheveux.
Étaient-ils blonds ainsi que la feuille à l’automne
Ou noirs comme la nuit ? Nul ne le sait. Personne
N’a chanté leur couleur en de tendres aveux.
Vous cachiez vos yeux sous vos paupières baissées.
Étaient-ils bleus ou noirs ? Rêveurs, tristes ou gais ?
Pourquoi le demander ? Personne ne le sait.
Nul poète amoureux ne vous a célébrée.
Sous votre manche noire, aux longs plis frissonnants,
Se blottissaient vos mains en un geste pudique.
Nul joyau n’y jetait ses lueurs chimériques ;
Nul seigneur n’y posa de doux baisers troublants.
Mais une croix brillait à votre collerette,
Et mieux que tous les feux des grandes passions,
Son reflet illumine encore votre nom
Aux pages de l’histoire où parfois je m’arrête...
Paul GOUIN,
Médailles anciennes, 1927.