Le phare

 

 

La fantasmagorie des nuages déploie sa virtuosité.

 

À l’horizon, les ondulations des Laurentides reposent l’œil.

 

Le Saint-Laurent coule une eau lisse comme un miroir où se reflètent le ciel et la silhouette des êtres et des choses.

 

Sous l’effet du mirage, les îles lointaines semblent mettre la voile tandis que l’Île d’Orléans fait relâche et étale sa splendeur, sa beauté, sous le grand soleil de juillet.

 

Au milieu du fleuve, au centre du chatoiement des couleurs et des images fluides, un îlot rocheux, gris et étroit.

 

À son extrémité, un phare !

 

Îlot solitaire qui, la nuit venue, accueille une étoile et devient le guide des matelots.

 

Image de la solitude de qui veut œuvrer pour l’éternité.

 

Solitude du poète qui paie son chant du prix d’une grande souffrance, d’un rêve irréalisé, d’un idéal jamais atteint.

 

Solitude du penseur qui, sans cesse à la recherche de la vérité, domine son temps de toute la puissance de son génie.

 

Solitude du saint qui, au milieu des contingences et des futilités du monde, chemine vers l’absolu.

 

Solitaires qui, eux aussi, accueillent une étoile !

 

 

 

Élie GOULET, La cantilène des heures,

Librairie canadienne, s. d.

 

 

 

 

 

 

 

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