Ma petite ville à l’aube
C’est l’heure mauve de l’aurore.
Une brise fraîche et caressante chante dans la feuillée des chênes et des érables.
Les pins élancés ainsi que de hauts tuyaux d’orgue, filtrent les sons et les transforment en une mélopée douce infiniment, si douce que l’on dirait une berceuse !
Des nappes de lumière d’or s’accrochent aux faîtes des arbres.
De légers nuages, ouatés et mauves, flottent dans le ciel diaphane.
Des notes claires perlent l’azur ; c’est la cloche du moutier voisin qui appelle les moines à la prière.
Ils uniront leurs voix au chœur des oiseaux qui, depuis les premiers feux de l’aube, gazouillent leur joie de vivre.
Le soleil, boule incandescente, surgit à l’horizon.
Ma petite ville, dégagée des langes bleus de la nuit, s’éveille.
Flic, floc, flic, floc, les pas d’un cheval. Le laitier commence sa tournée.
Les portes s’ouvrent, une à une. Des pas menus, vifs, légers : garçonnets et fillettes, sac à la main, se dirigent vers l’école avec un entrain plus tapageur que rapide.
La sténo, alerte et souriante, se hâte vers le bureau.
Monsieur le fonctionnaire gagne d’un pas mesuré et sûr l’arrêt d’autobus.
C’est une aube nouvelle pour tous. Une autre tranche de vie commence qui apportera à chacun sa part de joie.
Élie GOULET.
Recueilli dans Feuilles d’érable, fleurs de lys,
anthologie de la poésie canadienne-française
établie et présentée par Pierre Cabiac,
Éditions de la diaspora française, 1966.