Processions

 

 

                                                   À Georges RODENBACH.

 

 

Quand les processions déploiront leurs bannières,

Nous connaîtrons encor le bonheur virginal

De revivre un instant dans les blondes lumières

Notre enfance, trop bref rayon matutinal.

 

Alors comme autrefois, le chant de l’espérance

Rythmera dans nos cœurs l’essor de ses accords,

Et nous abdiquerons l’orgueil et l’arrogance,

Étant bien les enfants ignorant les remords.

 

Car nous serons ainsi que les fillettes blanches

Qui vont devant la Vierge, à pas lents et chantant,

Blanches, un ruban bien noué le long des hanches

Blanches ! – Tels nous serons, ne fût-ce qu’un instant !

 

Notre âme connaîtra l’ingénu de la joie,

Et pure, elle croira tout péché pardonné,

Ah ! de voir la candeur qui par la rue ondoie,

Mon Dieu ! d’être meilleurs ce nous sera donné !

 

Partout dans les maisons des fleurs autour d’un cierge

Évoqueront l’été des défunts âges d’or,

Le brocart vêtira la gloire de la Vierge,

Et les dais offriront leur somptueux décor.

 

Pendant que les encens déploiront leurs spirales,

Et que sur les trottoirs les fidèles à genoux,

Regarderont ainsi monter aux cathédrales

Les prêtres bénisseurs un doigt levé vers nous.

 

 

 

Charles GOVAERT.

 

Paru dans La Flandre littéraire, artistique et mondaine en 1897.

 

 

 

 

 

 

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