Soir mystique

 

 

Il s’arrêta les pieds en sang, le sac au dos,

Devant la croix de pierre esseulée en la plaine,

Et joignant ses deux mains, et gardant ses yeux clos,

En fervent il pria d’âme simple et sereine.

 

Avec l’ombre montait le calme vespéral

Bercé dans les langueurs d’une lente musique ;

Toutes choses semblaient se baigner d’air lustral

Animé des fraîcheurs d’une brise édénique.

 

Et les bras de la croix grandissaient dans la nuit

Et le Christ remué comme s’il fût en vie,

Vers le marcheur pencha son front, larmant sans bruit

Sur lui, très longuement, un pleur qui vivifie.

 

 

 

Charles GOVAERT.

 

Paru dans La Flandre littéraire, artistique et mondaine en 1897.

 

 

 

 

 

 

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