Une lumière dans la nuit
Les campagnes au loin dorment, silencieuses ;
Sous le ciel automnal les dernières des fleurs
Embaument, serpolets, menthes et scabieuses ;
L’horizon s’est fondu dans de grises couleurs ;
Les blancheurs des chemins s’en vont silencieuses.
Au milieu des talus sablonneux et déserts
Des arbres hérissés se tordent dans la brume ;
Les tristesses du soir s’épandent dans les airs ;
Une étoile parfois, vague comme une écume,
Plane sur les talus sablonneux et déserts.
Mais, là-bas, tout à coup, scintille, solitaire,
La tremblante clarté d’une lumière d’or.
C’est la Religion qui veille sur la Terre
Dans la chapelle étroite et simple où brille encor
Au pied d’une madone un cierge solitaire.
La chapelle se dresse entre deux sentiers verts.
Quelle main a placé cette étrange lumière ?
Est-ce un marin sauvé de la fureur des mers ?
Est-ce quelque amoureux à la chaude prière ?
Peut-être a-t-on pleuré près de ces sentiers verts !
Qui que tu sois, croyant, bonne âme à Dieu fidèle,
– Jeune homme au désespoir plaintif, – marin fervent,
– Femme inconnue au cœur blessé, peut-être belle, –
Je t’envoie, à travers les brumes et le vent,
Le salut d’un rêveur respectant un fidèle !
Croire, c’est être fort et calme pour toujours !
Croire, c’est le bonheur, même dans la torture !
C’est le baume divin des cruelles amours !
C’est tout transfigurer dans l’immense nature,
C’est parfumer sa vie et son cœur pour toujours !
Charles GRANDMOUGIN, De la Terre aux Étoiles.