À la Sainte Vierge
REFLET Divin ! Ressemblance Parfaite !
Cristal exact tombé du sourire de Dieu !
Ton Verbe est Faveur Spirituelle !
Comme le clair printemps venue
dans un jaillissement des Eaux Profondes,
tu es Délivrance et Salut !
Haut jardin de pure présence,
bel orme fin qui vit de Vie,
rose solaire épanouie,
Terre de vin miellé ! arcane du soleil !
Tu es sur nous ce clair nuage.
Ton pied fleurit au fond des mers.
De tes doigts jaillit une source.
Qui n’en but jamais ? Qui n’en but jamais ?
Vierge de bonté pure ! Vierge élue !
tu affames, tu rassasies.
Ton pain de feu tue et recrée.
Accours sur les vents légers !
Toi qui ta Force bus au cœur du Tout-Puissant
sois en nous diligente Abeille.
Miel de Sapience et Vol d’Amour.
Ta danse à coups sourds frappe la colline.
Ton chant exalte un brûlant pollen.
L’Univers entier s’en abreuve !
Ton sein est lampe lumineuse.
Ton souffle est nourriture et paix.
Ô Miroir pur de l’Euphrate et du Tigre,
anneaux étoilés couronnant la Terre !
Fleur de grâce infinie ! Fleur imprégnée
de rare essence en Paradis.
Jeune chevelure du pampre ! Coupe profonde
qui ruisselle d’Or et de Sang !
Rose prime à la joue de l’Aube !
Fleur hamaspur incorruptible !
Ton pain secret le Soleil le prépare !
Ton vin secret est vendange de Nuit !
Perle brûlant dans les yeux de la mer !
Or d’Arabie ! Safran des Indes !
Fleuve de Nard et d’Aloès !
Septuor de parfaits diamants !
Rouge escarboucle de Pishon !
Agate ! Rubis !Chrysolite !
Topaze irriguée de musique !
Langue d’argent très épuré !
Cristal d’un gel jamais souillé !
Neige d’Avril ! et tulipe de juin !
Froideur pure ! Chaleur pure !
Silence et Clameur purs en soi !
Torche de Terreur Insondable
Armure d’airain cuit sept fois !
Tonnerre au profond des Armées !
Chef au front couronné de foudre !
Tu es Laurier ! Platane ! Cyprès !
Arche bâtie d’un bois terrible !
Pacte d’Alliance éternel !
Tu es la colère des Eaux !
L’Arbre énorme fendant la Terre !
Colère de Gabriel ! Feu du Ciel !
Racine des larmes profondes !
Tu es Maison de grâce et de sagesse
gardée d’un feu terrifiant.
Ô sauvegarde-moi qui te supplie !
Toi qui pressas la bête noire
d’un talon de perle et d’acier !
Sauve un long désir qui te prie !
Apparais, dansant dans ta gloire !
GRÉGOIRE D’AKTHAMAR.
Recueilli dans Choix de poèmes arméniens,
par Garabed Yacoubien et Garabed Poladian,
Liban, 1980.
Traduction de Luc-André Marcel et Garabed Poladian.