Pour les heures de la nuit
Christ, Verbe de Dieu,
lumière de la lumière,
esprit sans commencement, nous te bénissons.
Triple lumière d’une gloire indivise,
tu as dissipé les ténèbres et mis en place la lumière
pour tout créer dans la lumière.
Tu as donné à la matière sa noblesse et son ordonnance
en y imprimant le visage radieux de l’univers.
Tu as éclairé l’esprit de l’homme
par la raison et la sagesse,
plaçant ici-bas l’image de la splendeur d’en-haut
pour que par la lumière l’homme découvre la (vraie) lumière
et que tout devienne lumineux.
Tu as illuminé le ciel de luminaires variés.
Tu as ordonné que la nuit alterne doucement avec le jour,
établissant ainsi entre eux une loi de fraternelle amitié :
tu as placé la première pour mettre fin
aux labeurs du corps accablé
tandis que le second incite au travail
et aux occupations que tu souhaites.
Quant à nous, fuyant les ténèbres,
nous nous hâtons vers ce jour
qu’aucune nuit ne chassera.
Donne à mes paupières un sommeil léger
pour que ma voix ne demeure pas longtemps en repos,
et que la création ne cesse de psalmodier avec les anges.
Qu’avec toi mon sommeil soit peuplé de pensées saintes,
que la nuit ne me rappelle pas les sottises du jour
et que la folle du logis ne trouble pas mes rêves.
Même si mon corps est inerte,
mon esprit, t’invoque, ô mon Dieu,
Père, Fils et Esprit Saint à qui soient honneur, gloire et puissance
dans les siècles des siècles. Amen.
GRÉGOIRE DE NAZIANZE.
Recueilli dans Hymnes au Christ
d’avant l’an mille, Médiaspaul, 1982.