Le van du ciel

 

 

Les cieux, ce soir, sont pleins de nuages pressés

Qu’amoncelle un doux vent.

Les cieux, ce soir, sont tout tressés

De nuages entrelacés,

Comme l’osier d’un vaste et mystérieux van.

 

Qu’est-ce donc que veulent les Cieux,

Au souffle de cette nuit claire,

Vanner comme du blé sur l’aire ?

Quelle moisson du ciel ? Quel froment merveilleux ?

 

Peut-être qu’il y a dans les sphères profondes,

Par-delà ces lointains nuages, trop d’étoiles,

Que dans la grande Nuit dont les ombres les voilent,

Dieu ne peut plus compter les myriades de mondes,

Et qu’il veut disperser aux brises vagabondes,

Comme des grains de blé célestes, les Étoiles.

 

Peut-être il va venir de mystérieux Anges

Qui dans leurs fortes mains prendront le van céleste,

Et qui lentement, doucement, avec un geste

Rythmique, remuant sur terre une ombre étrange,

Sépareront aux pieds de Dieu, moisson céleste,

La paille et le bon grain des éternelles granges.

 

 

 

Fernand GREGH.

 

Paru dans Les Annales politiques

et littéraires en 1908.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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