Sur Dieu, étrange gouverne de l’esprit
Silence et force, espérer, clandestin vivre au secret ;
ne pas bouger quand le fond de toutes les terres tremble ;
être invinciblement fort à l’heure de la faiblesse ;
toutes les troupes du monde en armes, les vaincre seul ;
Dans l’abîme obscur du cœur, cacher la clarté du vrai ;
souffrir que le mal, fumée, ruine l’honneur, cette flamme ;
qu’au lieu de bourgeons de roses, l’épine orne la vertu,
est l’effet d’un cœur céleste, non une peine commune.
Seigneur ! aide ma faiblesse ; elle est sans toi comme un verre
image sur son écu, qui te voit l’effroi le fige.
Verse l’indomptable sève dans ce tonneau de coquille !
L’araignée de ma faiblesse, si ta force la clôture,
peut attraper les baleines. Mon néant ne trompe pas :
il est cause que l’Immense agit grand à travers moi.
Catharina Regina von GREIFFENBERG.
Recueilli dans Anthologie bilingue
de la poésie allemande,
Gallimard, 1993.