Joie d’une averse printanière
La pluie ne nuit en rien, elle fait notre joie
Mille fois embellie et mille fois plus douce.
Le soleil après le combat rit et rayonne.
Le ciel vient allaiter la terre de ses seins.
C’est le nectar à boire, le vin nouveau des joies.
II endort le soleil qui plus frais se réveille.
La lumière un instant voilée est bien plus belle ;
La privation crée le désir, comme chacun sait.
C’est l’esprit du ciel qui clarifié se distille ;
Le baume qui d’une paix de fleurs remplit le monde,
Quand Dieu casse le verre des nuages, gicle joyeux,
Et teinture céleste, dore toute la terre.
Le suc de la bénédiction sort de la bouche
De Dieu, sa volupté réjouit la terre entière !
Catharina Regina von GREIFFENBERG.
Extrait de Par le destin le plus contraire,
poèmes de Catharina Regina von Greiffenberg,
choix, traduction de l’allemand
et présentation de Marc Petit,
Orphée / La Différence, 1993.