Sur les larmes

 

 

Comme le faix des nues en gouttes se résout,

Ainsi mon infortune en pluie de larmes tombe.

Pléiades de la tête, elles arrosent la terre

De la bonté de Dieu où fleurira son aide.

 

Cette mer de tourment au port souvent conduit.

L’huître perlière du repentir est dans son sein,

À laquelle, ambre, l’oraison vient s’associer.

Souvent je me tiens là comme au milieu du roc ;

 

Mais l’art des eaux sait aussi faire tourner les rouages.

Ah ! si mes pleurs mouvaient la roue de la providence,

S’ils prescrivaient au cours des astres un bon destin !

 

Ah ! larmes, si vous aviez la force de brûler

Les liens de l’infortune ! Vous-mêmes si bouillantes,

Rafraîchissez un tant soit peu le feu, filles des glaces !

 

 

 

Catharina Regina von GREIFFENBERG.

 

Extrait de Par le destin le plus contraire,

poèmes de Catharina Regina von Greiffenberg,

choix, traduction de l’allemand

et présentation de Marc Petit,

Orphée / La Différence, 1993.

 

 

 

 

 

 

 

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