Sur le Verbe, tonnerre de l’Esprit
Toi le fort, Dieu-Tonnerre ! Donne au tonnerre force,
au cœur le mot qui perce : que l’on voie les éclairs
de l’esprit et qu’on touche, où il frappe, le feu ;
qu’il abatte d’un coup le cœur trop arrogant.
Le fracas du tonnerre peut convertir le monde,
c’est dans l’effroi que siège la présence de Dieu.
Elle porte des fruits, la terrible bombarde :
À son zèle s’attache la force de la grâce.
Le miracle-rayon, son mot, blesse le fer,
l’âme et non le fourreau : le fort seul est sa cible.
Par sa subtilité l’esprit passe invisible.
Tôt ou tard, un grand bruit nous dit qu’il a frappé.
Garde-nous seulement, Dieu, des nuées grondantes :
Que ton mot de ses traits nous éclaire et transperce !
Catharina Regina von GREIFFENBERG.
Recueilli dans Anthologie bilingue
de la poésie allemande,
Gallimard, 1993.