L’immortalité de l’âme
Le désir du néant convient aux scélérats.
Non, je ne peux penser que la nuit du trépas
Éloigne avec nos jours ce flambeau de notre âme,
Qu’alluma l’Éternel d’une céleste flamme.
La vertu malheureuse en ces jours criminels
Annonce à ma raison des siècles éternels.
Pour la seule douleur la vertu n’est point née ;
Le ciel a fait pour elle une autre destinée.
Plein de ce juste espoir, je m’élève aujourd’hui
Vers l’être bienfaisant qui me créa pour lui.
Je vois avec transport la fin de ma carrière,
Où doit naître à mes yeux l’immortelle lumière.
Dans cette nuit d’erreur la vie est un sommeil :
La mort conduit au jour, et j’aspire au réveil.
GRESSET.
Recueilli dans Choix de poésies
ou Recueil de morceaux propres à orner la mémoire
et à former le cœur, 1826.