Sonnet
Le Dieu, le Tout-puissant, qui dès l’éternité
Avait délibéré façonner ce grand monde,
Je voyais sous ses pieds comme une boule ronde
Ce qu’il avait pensé en son infinité :
Les animaux créés par sa divinité,
Et par son Verbe saint et parole féconde,
En s’égayant sur l’air, sur la terre et sur l’onde,
Louangeaient le Facteur en leur lieu limité.
Jà le ciel étoilé commençait sa carrière,
Et les feux de la nuit épandant leur lumière
Compagnaient le flambeau qui nous borne les mois :
Et jà l’astre annuel à la bride avalée
Avait plongé son chef dans la plaine salée
Et le tour de la terre affranchi par cinq fois.
Jacques GRÉVIN.
Recueilli dans Anthologie religieuse des poètes français,
t. I, 1500-1650, choix, présentation et notes d’Ivan Gobry,
Le Fennec éditeur, 1994.