Cantique
Toi qui portes le poids du jour
Dans la vigne hostile du monde,
Viens à mon Cœur, je suis l’Amour ;
Que ma grâce en ton âme abonde.
Toi qui languis sur le chemin
Où t’ont déchiré tant d’épines,
Voyageur, donne-moi la main,
Monte vers les clartés divines.
Toi qui souffres, lève les yeux
Vers la Croix sainte d’où j’enseigne.
Je suis l’Amour venu des cieux,
Mon cœur est grand ouvert et saigne.
Pour toi j’ai fait plus que mourir.
Voici ma Chair, ce pain de vie ;
Mange-la pour vivre et guérir,
Elle est le pain qui déifie.
De mes mains qui saignent pour toi,
Vois, je t’ai préparé moi-même
Ce banquet promis à ta foi,
Fils qui m’est né par le Baptême !
Ton ardent désir est comblé,
Adore et crois à ce mystère ;
Sang de la vigne et fruit du blé,
Je nourris et je désaltère.
L’Amour m’abaisse jusqu’a toi,
Mon pauvre, mon ami, mon frère !
Je suis le salut : viens à moi :
Ma Grâce a faim de ta misère.
Charles GROLLEAU.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.