Vendange spirituelle
Ce qu’il reste d’un cœur vaut mieux que sa jeunesse,
... Ce n’est plus ni le goût du fruit ni son odeur,
Mais, avec le parfum de sa première fleur,
Une vendange exquise et forte de sagesse.
Les songes vains, les jeux tristes et les amours
De leur poison subtil n’ont laissé qu’une trace
Que la douleur, sainte alchimiste de la Grace,
Mêle au vin réservé pour les derniers beaux jours.
Libre enfin mais soumis, dans sa retraite obscure,
Il s’offre au saint travail qui lentement l’épure
Et, n’ayant plus d’attrait que le divin plaisir,
Ce vieux cœur voit monter, clair, du tréfonds de l’âme,
Un encens consumé par une vive flamme,
Par ce beau feu secret qui fut tout son désir.
Charles GROLLEAU.
Paru dans Les Causeries en 1928.