Conscience du péché et bonne volonté
MON Seigneur et mon Dieu, notre salut dépend de la connaissance de ce qui est mauvais en nous, mais nous n’en sommes pas capables par nous-mêmes. Le péché s’est emparé de tout notre être ; il a pénétré aussi dans notre vue et lorsque nous nous regardons, nous ne nous voyons pas tels que nous sommes. Lorsque les hommes commirent le péché, ils vivaient dans une sainte communion avec vous, élevés par votre grâce au-dessus d’eux-mêmes, tournés vers vous, et, pour cette raison, maîtres d’eux-mêmes. Le péché a détruit cette sainte union, ce fut la chute. Ils ne furent plus ce qu’ils avaient été auparavant. Ainsi, ils ne se comprenaient plus eux-mêmes, ni ce qu’ils avaient fait. Désormais, quand l’homme ressentait votre sainte approche, il avait bien le sentiment de la faute et de la destruction, mais il ne savait pas ce qu’elles signifiaient. Il était comme celui qui a oublié ce qu’il a fait et éprouve seulement le sentiment d’avoir mal fait.
C’est par votre révélation seule que nous sommes capables de nous connaître. Par ce que vous avez fait pour nous délivrer du péché, nous comprenons ce qu’il signifie devant vous. Votre Fils éternel s’est fait homme et a habité parmi nous. Par la destinée qu’il a subie, nos yeux s’ouvrent sur ce qui était en jeu – pour nous, ô Seigneur, et pour vous-même.
Dieu saint, enseignez-moi à reconnaître votre amour afin que je comprenne la grandeur de ma faute. Mais en même temps faites que cette connaissance se transforme en confiance. Rendez-moi conscient de la sainte résolution qui fait que vous voulez le salut du monde et l’avènement de la nouvelle création, et aidez ma volonté à ne faire qu’un avec la vôtre. Amen.
Romano GUARDINI,
Prières, Bloud & Gay, 1952.
Traduit de l’allemand
par Jeanne Ancelet-Hustache.