Sainteté de Dieu
Vous êtes le Saint, ô Dieu. Vous êtes le mystère vivant. Vous avez tout créé, vous remplissez toutes choses, toutes les formes créées sont des images de votre gloire et tout ce qui a un sens et une valeur les possède comme un reflet de votre lumière : ainsi vous êtes l’Être véritablement présent et manifeste. Et cependant vous êtes voilé, car notre vue est comme frappée d’aveuglement et notre cœur est égaré. Vous vous dérobez à nos yeux et votre lumière devient l’inaccessible dans lequel nous ne pouvons pénétrer. Vous échappez à nos pensées, et à toutes nos paroles sur vous, vous répondez : « Je ne suis pas ce que vous dites. »
Mais nous vous pressentons partout, ô Seigneur. En vous est la réponse à toutes les questions. Vous nous êtes plus proche que l’être humain le plus intime et lorsque vous touchez notre cœur, il sait bien qu’il ne peut avoir d’autre science que de vous.
Vous êtes le Saint, ô mon Dieu. La pureté et la bonté et la justice et la majesté sont des noms qui nous donnent une idée de votre nature. Rien d’impur ne peut s’approcher de vous. Au mal répond votre colère, et c’est un mystère de votre magnanimité si l’acte mauvais n’anéantit pas celui qui l’accomplit.
Lorsque j’ai le sentiment de votre sainteté, il me faut dire comme Pierre : « Seigneur, éloignez-vous de moi car je suis un pécheur. » Mais aussitôt mon cœur ajoute : « Ne le faites pas, ô Seigneur : que deviendrais-je donc si vous vous éloigniez ? Je ne suis pas digne que vous vous approchiez de moi, mais « à qui irais-je » sinon à vous ? Car vous êtes mon salut et ma demeure. »
Je vous prie donc de m’apprendre quelle doit être mon attitude envers vous. Enseignez-moi la vénération et la confiance, le repentir et l’amour, la crainte et le désir. Enseignez-moi à vous chercher et à m’obstiner dans ma recherche – et que le temps ne soit pas trop long, ô Seigneur, jusqu’à ce que je vous trouve. Amen.
Romano GUARDINI,
Prières, Bloud & Gay, 1952.
Traduit de l’allemand
par Jeanne Ancelet-Hustache.