La venue du Saint-Esprit
LE soir où Notre-Seigneur Jésus-Christ fut réuni pour la dernière fois avec les siens, « leur donnant le témoignage suprême de son amour », il leur promit qu’ils ne resteraient pas seuls, mais qu’il leur enverrait « un autre Intercesseur », vous, l’Esprit de Vérité. Et ainsi vous êtes venu aussi dans le bruit du vent et les flammes de la Pentecôte, et vous êtes maintenant parmi nous.
Vous menez chacun de nous sur la voie du salut. Vous dirigez le royaume de Dieu à travers l’obscurité et le désarroi des temps. Et à travers tout ce qui arrive, vous accomplissez l’œuvre de la nouvelle création qui sera un jour révélée lorsque « le Seigneur reviendra pour juger les vivants et les morts ».
Esprit Saint, vous nous êtes donné selon le mode de l’esprit. Vous êtes auprès de nous dans une venue toujours nouvelle, vous êtes à notre côté dans une approche toujours nouvelle, et nous sommes sanctifiés parce que vous nous sanctifiez sans cesse. Nous vous prions donc d’accomplir en nous la mission pour laquelle le Fils vous a envoyé.
« Prenez », ô Esprit de Jésus-Christ, « ce qui est à lui et donnez-le-moi » afin que je le possède. Faites luire en moi votre lumière afin que je reconnaisse sa vérité. Attachez mon cœur à la fidélité de la foi afin que rien ne puisse me détourner d’elle. Et enseignez-moi à aimer, car sans amour la vérité est morte. « L’amour ne consiste pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés le premier. » Convainquez mon cœur de l’amour de Dieu et donnez-moi la force de l’aimer en retour, afin que « je demeure en Dieu et lui en moi ». C’est vous, ô Esprit, qui suscitez la nouvelle création dans le monde vieilli : remplissez-moi de la confiance en votre sainte puissance. Son mode n’est pas terrestre et parmi les pouvoirs et les sagesses de la terre, elle paraît souvent insensée et faible. Donnez donc à mon cœur l’espoir en « la liberté glorieuse des enfants de Dieu ».
C’est par vous, ô Esprit Saint, que Notre-Seigneur a vécu et c’est dans votre force qu’il a « vaincu le monde ». Mais le monde, c’est nous-mêmes : c’est notre cœur égoïste, aveugle, insensé. Prenez-le en votre puissance, rendez-le prompt et ouvert afin que le Seigneur puisse vivre en nous et nous en lui. Amen.
Romano GUARDINI,
Prières, Bloud & Gay, 1952.
Traduit de l’allemand
par Jeanne Ancelet-Hustache.