Son foyer

 

 

Avoir un coin de terre où croissent les érables

Près du clocher natal, fier garant de la foi ;

 

Bâtir avec ardeur sur des pierres durables

Le château de son rêve, en devenir le roi ;

 

Languir, se sentir seul quand vient l’heure sereine

Qui ramène le calme avec la fin du jour ;

 

Mais un matin joyeux introduire la reine

Qui devra désormais partager son amour ;

 

Mettre tout son bonheur dans le plaisir de vivre

Pour celle que l’on aime avec des gestes fous ;

 

Dès son réveil sourire avec une joie ivre

À sa compagne chère au regard ferme et doux ;

 

Offrir son cœur à Dieu devant sa sainte image,

Psalmodiant sa foi dans un hymne divin ;

 

Poursuivre son travail sans y trouver d’entrave

Tant est puissant le cœur qu’un grand amour étreint ;

 

Pour trouver le repos, regagner sa demeure

Où du seuil une voix vient hâter le retour ;

 

Retrouver en entrant, et quelle que soit l’heure,

Une femme qui chante et sourit tour à tour ;

 

Faire un accueil affable aux parents qu’on invite,

Rendre honneur pour honneur, amour pour charité ;

 

Ne maudire jamais la main qui sollicite

Au nom de Dieu l’aumône ou l’hospitalité ;

 

Sous le regard divin vivre sa vie humaine

Suivant le même cours l’un sur l’autre appuyé ;

 

Poursuivre même but dans un même domaine,

C’est toucher le bonheur, c’est avoir son foyer.

 

 

 

Jean-Louis GUAY, Moisson de vie, 1931.

 

 

 

 

 

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