Nuit de Noël
Les anges en quittant les cieux
Ont secoué leurs grandes ailes ;
Il choit des hauteurs éternelles
Du blanc duvet fin, gracieux.
Les étoiles montrent leurs feux
À travers le léger nuage ;
Le ciel à la terre présage
Celui qui va naître en ces lieux.
Dans les campagnes, les cités,
Des toits ouatés qui s’échelonnent
S’élève une grise colonne ;
Les fenêtres ont des clartés.
Les cloches entonnent Noël !
Noël ! Chant de la délivrance !
Noël ! au berceau de l’enfance
Accourez voir l’Emmanuel !
Dans une étable sans lueur,
Sous l’haleine d’un bœuf, d’un âne,
L’humble Vierge au corps diaphane
Met au monde le Dieu Sauveur.
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Ô nuit ! tes secrets sont divins.
Le Verbe à la chair s’associe,
L’univers chante le Messie
Avec le chœur des Séraphins.
Le Père, en sa sainte bonté,
Par son Fils vient sauver le monde ;
L’Esprit de ses rayons l’inonde :
C’est l’œuvre de la Trinité.
C’est toute la création,
Et l’être dans sa plénitude ;
C’est des âmes la quiétude,
L’aube de la Rédemption.
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* *
Noël ! Jésus descend la nuit
Sur l’autel du Saint Sacrifice,
Il détruit du mal l’artifice
Et devant Lui satan s’enfuit.
Accourez tous, petits et grands,
Vous que la foi, l’amour appelle ;
Allez ! point de haine rebelle,
Il est l’ami des cœurs souffrants.
Les cloches redisent Noël !
Noël ! chant de la délivrance !
Noël ! au berceau de l’enfance
Accourez voir l’Emmanuel !
Jean-Louis GUAY, Moisson de vie, 1931.