Ma lyre
Aux flots revient le navire,
La colombe à ses amours ;
À toi je reviens, ma lyre,
À toi je reviens toujours ;
Dieu, de qui tu viens sans doute,
Te fit la voix de mon cœur,
Et je lui chante, en ma route,
Comme l’oiseau voyageur.
Je compose mon cantique
Du simple chant des hameaux ;
Je recueille la musique
Qu’en passant font les ruisseaux ;
J’écoute le bruit qui tombe
Avec le jour dans les bois,
Le soupir de la colombe,
Et le tonnerre aux cent voix.
J’écoute, quand il s’éveille,
Ce qu’au berceau dit l’enfant,
Ce qu’aux roses dit l’abeille,
Ce qu’aux genêts dit le vent.
J’écoute dans les églises
Ce que l’orgue chante à Dieu,
Quand les vierges sont assises
À la table du saint lieu.
Âmes du ciel amoureuses,
J’écoute aussi vos désirs,
Et prends des hymnes pieuses
Dans chacun de vos soupirs.
Eugénie de GUÉRIN.