Vanité

 

 

Le sable clair du temps fuit des plus larges mains,

Les serments et les blocs de pierre se disjoignent ;

La cendre des héros masque l’ode de joie

Et le texte gravé sur les tables d’airain.

 

On sonde le secret profond de l’être en vain,

Et le poète, ivre d’azur, d’or et de gloire,

Qui va, les bras levés, pour cueillir les étoiles,

Heurte du front le cintre bas du rêve humain.

 

L’heure, hélas ! glace et clôt les lèvres bien-aimées ;

Les feux de belle pourpre expirent en fumées,

Et le soleil se couche au fond de tous les cieux.

 

On se retourne, un soir, sur la route suivie ;

Il fait froid, la nuit tombe, on est seul... Pauvre vie

Qu’on n’a pas dévouée au service de Dieu !

 

 

 

Charles GUÉRIN.

 

Paru dans Le Spectateur catholique en novembre 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net