Cantique à Notre-Dame

 

 

Ah ! j’ai senti dans mon âme

La pointe des noirs chagrins,

Étoile des pèlerins,

Notre-Dame, Notre-Dame,

Et des glaives comme vous,

Notre-Dame au cœur si doux.

 

La limpidité splendide,

Le frais éclat argentin

De l’étoile du matin

Brille en votre âme candide,

Mais mon cœur est desséché,

Mon âme est boue et péché.

 

Votre douceur infinie

Désaltère le méchant.

Moi, mon cœur est comme un champ

Rempli de cris d’agonie,

Piétiné d’un dur vainqueur.

Quel cimetière est mon cœur !

 

Et pourtant, ô Notre-Dame !

J’ai faim, et j’ai soif d’aimer...

J’avais pris soin d’allumer

Une lampe dans mon âme.

Voici que la lampe meurt

Et je frissonne en mon cœur...

 

Âme faite de lumière,

Étoile de pureté,

Versez au déshérité

Votre bonté coutumière ;

Apparaissez dans sa nuit,

Bonne Dame ! et donnez-lui

 

La manne avec la rosée

De vos regards précieux ;

Penchez sur lui vos doux yeux.

Tremblant comme l’épousée,

De pleurs d’amour se gonflant,

Mon cœur sera ruisselant.

 

Rouvrez en moi la fontaine

De l’amour et de la foi,

Reine du ciel, rendez-moi

Mon âme, hélas ! si lointaine,

Reine du ciel triomphant,

Rendez-moi mon cœur d’enfant.

 

Et qu’en mon cœur et mon âme,

Puisse brûler à jamais,

Tel qu’un feu sur les sommets,

Fidèle et haute, une flamme,

Flamme de joie et d’espoir,

D’amour et de bon vouloir.

 

 

 

Paul GUIGOU.

 

Recueilli dans Rosa mystica :

Les poètes de la Vierge,

du XVe au XXe siècle, s. d.

 

 

 

 

 

 

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