Ismália

 

 

Quand Ismália devint folle,

Elle se mit dans la tour à rêver...

Elle vit dans le ciel une lune,

Et une autre lune dans la mer.

 

Dans le songe où elle se perdit,

Elle se baigna de clair de lune...

Au ciel elle voulait monter,

À la mer elle voulait descendre...

 

Et lors, dans son égarement,

Dans la tour se mit à chanter,

Elle était proche du ciel,

De la mer elle était loin...

 

Et comme un ange elle étendit

Ses ailes pour voler...

Elle voulait la lune du ciel,

Elle voulait la lune de la mer...

 

Les ailes que de Dieu elle tenait

De part en part se défroissèrent...

Son âme monta aux cieux,

Son corps descendit à la mer...

 

 

Alphonsus de GUIMARAENS.

 

Traduit par Armand Guibert.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,

Choix, introduction et notes de Federico de Onis,

Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.

 

 

 

La chanson XXXIII, Ismàlia, fut publiée en premier lieu avec le nom d’Ophélie :

            « Quand Ophélie devint folle... »

transformé depuis en Ismália, ce qui permettra peut-être de considérer cette chanson comme faisant allusion à l’Ophélie de Shakespeare.

 

 

 

 

 

 

 

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