Sonnet LXXV
Comme si j’étais jeune et non déjà très vieux,
Une illusion nous elle est venue m’animer
En mon âme a fleuri un poème nouveau
Et tout mon être vers le ciel s’est exhaussé.
En moi j’ai entendu des cris comme une alarme,
Et mon regard, naguère encore doux et suave,
Dans son désir d’escalader l’azur, s’est mué
Tout entier en éclairs, venus me désoler.
Je me vis au faîte éternel de la montagne,
Tentant d’unir à mon sein la flamme des cierges
Qui brillaient dans la paix de la nuit étrange.
En sursaut je me réveillai du songe d’or :
Du ciel je retombais au chaos de mes peines,
Sans comprendre pourquoi si haut j’étais monté...
Alphonsus de GUIMARAENS.
Traduit par Armand Guibert.
Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,
Choix, introduction et notes de Federico de Onis,
Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.