NUIT D’ÉTÉ
Le silence envahit la montagne et la plaine,
Un mystère troublant se répand en tous lieux,
Et le parfum des fleurs par cette nuit sereine,
Monte comme un encens vers le dôme des cieux.
À l’horizon d’azur, la lune large et pâle,
Portant dans ses rayons de doux rêves d’amour,
S’avance dans les airs en reine orientale
Et sa molle clarté fait oublier le jour.
Tout respire, tout vit, et la brise folâtre,
De son souffle léger caressant chaque fleur,
Semble, comme un amant de sa belle idolâtre,
Lui murmurer tout bas ce que j’ai dans le cœur.
Oh ! l’adorable nuit radieuse et splendide !
Dieu lui-même peut-il rien faire de plus beau ?
S’il me laissait un choix, je choisirais, avide
De mourir pour avoir cette nuit pour tombeau !
Émile GUIRAL.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.