Jour des morts
Les branches ont tiré le ciel qui se déchire
sur le trésor ouvert au fond de nous et saigne
comme rose angélique d’un profond désir
vers l’arbre du soleil avant que l’aube neige;
aromate du jour, ô corps vivant et cher
qui regarde un pays traversé de saisons,
le vin gronde en la vigne, une splendeur dans l’air
est comme le signal d’une calme oraison.
Aime le fleuve immense où se baigne la nuit
et cet air plus léger qu’une source amicale,
pâlissent les cheveux comme un cœur désuni,
déjà tu tends les mains vers une autre rivale
qui te ravira nu comme l’enfant à naître
en pleine floraison de l’onde et des campagnes,
cantique vierge encor, toute joie de paraître
en un salut précoce, une imprenable joie
d’étendre notre espoir comme une branche lourde
et d’estimer nos corps mouvants comme la mer
au cœur de la journée épaisse et de la foule
qui porte les rameaux transparents des prières.
Georges HALDAS.
Paru dans Les Cahiers du Rhône, avril 1942.