La mère sourde
Qui vient d’ouvrir doucement la serrure et la porte ? Qui se glisse dans la maison ? C’est le fils qui revient auprès de sa petite mère sourde.
Il entre à pas lents. Elle ne l’entend pas. Elle est assise près du foyer et file. Il est devant elle et la salue et dit : Mère !
Et tandis qu’il parle, elle lève les yeux et, chose extraordinaire, elle n’est pas sourde à cette parole si douce, elle l’entend du regard.
Elle ouvre les bras et le presse sur son cœur, et elle entend le battement de ce cœur, la petite mère sourde.
Et quand elle est assise près de son fils, heureuse, transfigurée, je parie que la petite mère entend chanter les anges.
Frédéric HALM.
Recueilli dans Les Grands Auteurs
de toutes les littératures,
Nouvelle Bibliothèque populaire,
dirigée par Henri Gautier.