Vendredi
Le Vendredi, la Vierge Marie
S’en va par les chemins
Toute seule et bien marrie,
Avec des lis noirs dans les mains.
Elle s’en va d’étoile en étoile,
Car tous les vendredis
Elle pleure sous son voile
Et ne veut plus du paradis.
Elle s’en va de val en vallée,
Et de côte en coteau
De plus en plus désolée
Et sanglote dans son manteau.
Elle s’en va de prés en pâtures
Regardant par-dessus
Les murs bas et les clôtures
Pour chercher son Enfant-Jésus.
De crèche en grange, de rue en route
Et de porte en portail
Elle s’en va, s’arrête, écoute,
Et guette à travers le vitrail.
Ne chantez pas et faites se taire
Les enfants au berceau,
Ne laissez traîner à terre
Ni l’épine, ni le roseau.
Ne riez pas, de peur qu’elle entende ;
Ne plantez pas de clous,
Car sa peine est vraiment grande,
Et sa peine lui vient de nous.
Edmond HARAUCOURT.