Examen de conscience
IL n’est peut-être pas de moment, dans nos annales, où le Message pathétique de La Salette prenne plus de saisissante actualité que dans les jours que nous vivons et qui représentent la plus grande césure de notre histoire.
Tout est aujourd’hui mouvant et liquide. Tout est, à la fois, en gestation et en décomposition. Un monde s’effondre, un monde nouveau naît au milieu des décombres.
Jamais l’humain réduit à lui-même, fermé sur lui-même, n’a mieux fait éclater son impuissance que dans le triomphe même d’une technique dont le suprême aboutissement est la possibilité de destruction du globe.
C’est à cette heure-là que l’apparition de la Salette nous rappelle son Message.
Sur une montagne désolée d’un âpre coin de France, la Vierge fait à deux enfants la révélation de ce qui fait saigner son cœur : le blasphème, la profanation du dimanche. Elle annonce les terrifiantes échéances qu’entraînera le long mépris de la voix divine.
Ces échéances, nous les avons connues. Elles se sont traduites dans une explosion de bestialité et une régression vers la barbarie telles que n’en avait jamais enregistrées l’histoire de l’humanité. Elles se renouvelleront si l’homme continue à rester sourd.
Cent années ont coulé. Quel compte avons-nous tenu des tragiques et pressantes adjurations de la Vierge ? Tout nous dicte aujourd’hui un impitoyable examen de conscience. Nous ne pouvons nous défendre de l’impression que la marge des possibilités de salut de l’humanité va toujours se rétrécissant, ni nous libérer de la sensation presque physique de la menace suspendue sur notre terre.
La seule issue de l’homme reste du côté de la pénitence et de la prière. Rappelons-nous la question de la Vierge aux deux simples enfants de la montagne : « Faites-vous bien votre prière ? » Jamais ne s’est plus tragiquement imposée à nous la vision du seul paratonnerre dans lequel le monde puisse encore mettre sa confiance.
Robert d’HARCOURT.
Paru dans la revue Marie
en mai-juin-juillet 1951.