JÉSUS

 

 

Enfant de Bethléem, enfant divin, qu’admire

                Le groupe naïf des bergers ;

Être mystérieux, l’or, l’encens et la myrrhe

        Te sont offerts par des rois étrangers.

 

Tu grandis, tes yeux voient les choses invisibles,

Ils percent le mystère infini des hauteurs

Et ton esprit s’élève, au milieu des docteurs,

        À des degrés inaccessibles.

 

Sous le joug du travail tu veux donc te plier,

        Fils de David, incomparable éphèbe ?

Oui, le Verbe fait chair, animant l’atelier,

Accoutume son corps aux labeurs de la plèbe.

 

Ô mystère, ô rançon terrible dit péché :

Dieu s’humilie ! il veut trente ans de vie obscure.

                Silencieux, humble et caché,

Dans l’ombre nul regard ne cherche sa figure.

 

Mais il se lève ! il parle ! Il va sans se lasser,

Fondant l’ordre nouveau des lois surnaturelles ;

                Et les foules sentent passer

                Un étrange souffle sur elles.

 

                Il fait tressaillir les palmiers

                Dans les champs que ses mains moissonnent.

                Et ses disciples, les premiers,

                Devant ses miracles frissonnent.

 

                Le lépreux l’invoque. Il l’entend.

                Jamais son Cœur ne se dérobe.

                Les miraculés, en chantant,

                Vont baiser le bord de sa robe.

 

                À sa voix les démons ont fui,

                L’aveugle ouvre des yeux de rêve,

                Le boiteux marche et devant Lui

                Le paralytique se lève.

 

Ce grand prophète a mis tout un peuple en émoi.

                Des cris montent vers les Cieux calmes.

                Sur l’ânesse, à travers des palmes,

                Jésus s’avance comme un Roi.

 

                Mais là-haut, des hommes infâmes,

                Christ, ont cloué vos bras tremblants.

                Et le groupe éploré des femmes

                Reste seul sous vos pieds sanglants.

 

 

 

                                                                  Paul HAREL.

 

                                Paru dans La Muse française en 1922.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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