Cri du guet
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Dix heures vont sonner à la Maison-de-ville.
Faites votre prière et mettez-vous au lit ;
Jusqu’à demain matin que nul ne se réveille ;
Il est un œil là-haut qui toute la nuit veille,
Et qui toujours au fond des consciences lit.
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Onze heures vont sonner à la Maison-de-ville.
Le tapage nocturne à tout le monde nuit,
C’est pourquoi je répète au menuisier qui tâche,
Malgré l’heure qu’il est, de terminer sa tâche...
– Vous finirez demain, couchez-vous, bonne nuit. –
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Douze heures vont sonner à la Maison-de-ville.
Hélas ! s’il est encor une âme à quelque endroit,
Une pauvre âme qui languisse et se désole,
Qu’elle ait recours à Dieu, car toujours il console
Tous ceux qui vont à lui le cœur flétri, mais droit.
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Une heure va sonner à la Maison-de-ville.
S’il est quelque brigand, par le diable incité,
Qui s’efforce d’ouvrir soit porte, soit fenêtre
(J’espère bien que non ! mais cela pourrait être...)
Qu’il se sauve, car Dieu voit dans l’obscurité.
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Deux heures vont sonner à la Maison-de-ville.
S’il est un pauvre diable, hélas ! prêt à mourir,
Et pour qui la mort soit comme une délivrance,
Qu’il fasse encor de Dieu sa dernière espérance...
Je le plains ! car vraiment à quoi bon tant souffrir ?
Écoutez bien ceci, braves gens de la ville :
Trois heures vont sonner à la Maison-de-ville.
Oh ! pour le coup, voilà le jour à l’orient...
Que l’ouvrier s’éveille et se mette à l’ouvrage...
S’il s’est levé joyeux, qu’il prenne bon courage,
Car son front restera tout le jour souriant.
Jean-Pierre HEBEL.
Traduit de l’allemand par Max Buchon.
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