LE DÉPART DU CROISÉ

 

 

LE pont-levis s’abaisse, et le comte paraît,

À cheval, tout couvert du harnais des batailles ;

Heaume de fer forgé, haubert de doubles mailles

Où s’ébrèche l’épée, ou se rebouche un trait.

 

Puis viennent les vassaux du seigneur banneret :

Chevaliers lance au poing, serfs armés de ferrailles,

Archers, varlets, jongleurs ; tous ont de hautes tailles,

Des membres drus et forts ; ils vont sans un regret.

 

Le comte seul est grave : à l’appel de Saint-Pierre

Il a pris la croix rouge et levé sa bannière ;

L’esprit est résolu, le cœur aime et s’émeut.

 

Il laisse sans défense et l’enfant et l’épouse,

Les périls sont partout, la fortune est jalouse,

Mais le Chrétien s’écrie : « En avant, Dieu le veut ! »

 

 

                                                                   Mme E. de HECK.

 

                                                Paru dans La Sylphide en 1898.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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