Le message aux morts

 

 

Tu vas partir loin d’ici, mon cher frère ;

Adieu, toi, de mes amis le premier ;

Tu me laisseras seul, ta voix partie,

Au toit solitaire je dois rester ;

Et des monts et de notre cher foyer,

Et de l’arbre près de la maison, voi,

Avec toi s’en ira la joie pure,

La « brillance » s’en ira avec toi.

 

Mais toi, mon ami, mon unique frère,

Tu t’envoles au rivage de paix,

Où le triste glas de nos mots d’adieu

Ne frappe plus l’âme tendre jamais ;

Et tu verras nos morts que nous pleurons,

Ceux qui périrent sur terre et sur mer ;

Dans la gerbe de ces cœurs sympathiques

Tu seras uni bientôt, être cher !

 

Oh! dis alors à mon ami d’enfance

Que son doux nom est encore entendu

Sur les monts bleus d’où sa tendre jeunesse

Passa comme l’oiseau rapide, ému ;

La gloire de son aspect exultant,

La vue de la joie, être si beau,

Sont encore sur moi. Plus tard j’espère

Revoir son doux sourire de nouveau !

 

Et dis à notre tendre jeune sœur,

Douce rose morte au printemps dernier,

Que ma triste âme est encore touchée

Des airs qu’elle aimait parfois à chanter.

Je vois souvent ses yeux dans mes doux rêves,

Tendres et tristement beaux, pleins d’espoir,

Oh! dis-lui que mon cœur désolé brûle

Son bien sympathique regard de voir !

 

Et dis à notre père à cheveux blancs

Que dans l’endroit qu’il habita, cher lieu,

Moi, l’enfant qu’il aimait, seul en ce monde,

Marche en cette vie en adorant Dieu.

Que sa tendre bénédiction toujours

Charme mon âme comme une rosée,

Et par sa douce puissance j’espère

Revoir encore au ciel sa face aimée.

 

Dis aussi à notre mère adorée

Que sur sa chère tombe je murmure

Les douleurs de mon âme si peinée,

Comme sur son sein jadis, douce cure.

Ah ! bien heureux, toi qui bientôt, trop tôt,

Verras tous nos bénis, nos bien-aimés !

Ô frère, ah ! doux frère, je voudrais être

Bientôt avec eux, et de toi bien près.

 

 

 

Felicia HEMANS.

 

Traduit par sir Tollemache Sinclair.

 

 

 

 

 

 

 

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