Le cimetière

 

 

Silencieux endroit, verdoyant de jeune herbe

Où gisent l’homme et la femme, et les croix sont debout,

C’est là que sont accompagnés les amis qui s’en vont

Là-bas où luit l’éclat des vitres claires des fenêtres.

 

Lorsque sur toi brille du ciel la haute flamme

De midi, quand le printemps souvent s’attarde,

Lorsque la nue immatérielle au loin, et grise, humide,

Et le jour doucement dans sa splendeur vite s’éloigne.

 

Quelle paix de silence au long de ce mur gris,

D’où déborde et se penche un arbre avec ses fruits ;

Lourds de noire rosée, et son feuillage est plein de deuil,

Mais les fruits sont pressés avec un bel orgueil.

 

Dans l’église là-bas, c’est une paix très ténébreuse,

Aussi l’autel dans cette nuit est comme inexistant.

Dedans il est encor certaines choses belles,

Mais dans l’été, dehors, beaucoup de grillons chantent.

 

Là, pour quelqu’un, entendant ce que dit le prêtre,

Alors qu’est à côté, debout, le groupe des amis

Qui sont avec le mort, quelle existence en soi

Et quel esprit, et pieusement demeurer recueilli.

 

 

Friedrich HÖLDERLIN.

Traduit par Armel Guerne.

Recueilli dans Les romantiques allemands, Phébus, 2004.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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