Mon choix
Un jour, je traçai deux images
Qui me hantaient depuis longtemps :
L’une, front pâle, aux noirs nuages,
Entouré de crêpes flottants ;
L’autre paré d’un voile rose !
Plus radieux que le ciel pur,
Plus brillant que la perle enclose
Dans une corolle d’azur !
La première était la souffrance,
La pâle et mourante douleur ;
La seconde était l’espérance,
Qui rit aux yeux comme une fleur.
Et j’offris ce travail modeste :
On choisit l’ange gracieux ;
Je dis : Prenez ; l’autre me reste,
C’est la douleur, cela vaut mieux.
Que partout, toujours je la voie,
Et, dût mon cœur se consumer,
Je sens que je pourrai l’aimer :
– Je ne peux pas aimer la joie !
E. HOUARD, Une âme,
poésies posthumes : dernières pensées, 1891.