Les étoiles

 

                                             (Pensers du soir)

 

 

Quand chante Vesper, ce tendre berger,

Tout en promenant ses lumières blanches,

Il attire à lui par son chant léger

Les étoiles, doux troupeau des pervenches.

 

On en voit venir par-dessus la mer,

On en voit franchir les hautes montagnes ;

Quand en sont couverts les fronts des campagnes,

Voici que s’endort le berger Vesper.

 

À sa sœur la Nuit, Vesper les confie ;

Chaque étoile semble un regard d’amour,

Voulant découvrir si pendant le jour

Elle a moins souffert, la lointaine amie.

 

La terre tremblante. – Au bord de leur parc,

Le ciel, on les voit, ces lueurs penchées,

Cherchant sur ton front tes douleurs cachées,

Terre, dont la nuit a débandé l’arc,

 

Dans l’azur bleu-noir, épave endormie,

– Elles semblent dire : « Oh ! pendant ce jour,

As-tu mieux vogué vers le saint amour,

As-tu rayonné, notre obscure amie ?

 

Dans les esprits las, dans les cœurs blessés,

La paix revient-elle avec la prière ?

Oh ! dis, quels sillons aujourd’hui tracés ?

Des sillons pleins d’ombre, ou pleins de lumière ? »

 

 

 

E. HOUARD, Une âme,

poésies posthumes : dernières pensées, 1891.

 

 

 

 

 

 

 

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