Une heure

 

 

J’entends au loin frémir la mer triste et voilée ;

Et sa plainte profonde, à ma plainte mêlée,

A son funèbre écho dans les pins fléchissants

Qui sous les vents d’hiver se tordent, gémissants.

 

Au ciel semble flotter une ombre vague et noire

Et l’on entend là-bas les cris du champ de foire,

Les sons tristes et lourds de la cloche des morts

Tombant sur la cité comme un vivant remords.

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Mes vingt ans sont passés comme passe cette heure.

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Je voudrais écouter toute cloche qui pleure !

Dans le bruit discordant du monde qui jouit,

Cet appel de l’airain, morne, s’évanouit !

 

 

 

Mlle E. HOUARD, Une âme,

poésies posthumes : dernières pensées, 1891.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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