Une heure
J’entends au loin frémir la mer triste et voilée ;
Et sa plainte profonde, à ma plainte mêlée,
A son funèbre écho dans les pins fléchissants
Qui sous les vents d’hiver se tordent, gémissants.
Au ciel semble flotter une ombre vague et noire
Et l’on entend là-bas les cris du champ de foire,
Les sons tristes et lourds de la cloche des morts
Tombant sur la cité comme un vivant remords.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mes vingt ans sont passés comme passe cette heure.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je voudrais écouter toute cloche qui pleure !
Dans le bruit discordant du monde qui jouit,
Cet appel de l’airain, morne, s’évanouit !
Mlle E. HOUARD, Une âme,
poésies posthumes : dernières pensées, 1891.